.
Les auto-écoles vont manifester pour dénoncer la déréglementation de leur profession au profit des plateformes internet.
En France, apprendre à conduire coûte cher, voire très cher : entre 1 200 euros et 1 800 euros. En novembre, Emmanuel Macron a annoncé vouloir une baisse Le_Parisien
« S’il est sans doute juste que la profession a besoin de se réformer, cela ne peut se faire en faisant table rase des enseignements du passé et des grands progrès réalisés depuis 50 ans en matière d’éducation routière, permettant d’épargner de nombreuses vies », expliquent le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA) et les enseignants de la conduite (Unidec).
Les prix cassés, une fausse bonne idéeSelon les professionnels, favoriser les formations à prix cassées est une fausse bonne idée. « Ces start-up affirment casser les prix. Mais des élèves mal formés vont rater leur permis et, devant le repasser, paieront finalement bien plus cher qu’avec une auto-école classique », ajoute le CNPA.
Selon eux, le rapport présenté par Françoise Dumas, députée LREM du Gard, comporte un tour de passe-passe pour favoriser ces nouveaux entrants.
L’agrément des auto-écoles ne serait plus départemental comme actuellement, mais national. « Un agrément national signifie que l’on n’a plus besoin de justifier d’une adresse et d’un établissement pour demander à travailler dans un département », explique le CNPA, ce qui implique moins de contrôle sur les professionnels.
Réduire les délais d’inscription à l’examen du permisAutre point de blocage : la possibilité pour les candidats au permis de conduire de s’inscrire à l’examen du permis via des plateformes alors qu’actuellement, ce sont les auto-écoles qui décident si un candidat est apte ou non à se présenter. « C’est prendre le risque de voir des personnes mal formées s’inscrire et prendre des places d’examen dont le nombre est déjà compté », poursuit le CNPA.
Rejetant cet argument, les plateformes en ligne estiment que certaines auto-écoles ayant cette prérogative ne jouent pas le jeu et font souvent traîner en longueur la présentation à l’examen d’un candidat qui l’a raté une première fois. En France, il faut en moyenne 65 jours pour repasser le permis de conduire.
A l’inverse, les associations de consommateurs pointent les dérives des auto-écoles : manquements à la réglementation, surfacturations, barrière à l’entrée pour la concurrence…
Autant de contraintes juridiques qui pèsent sur le coût élevé du permis de conduire. Dans une étude de 2017, l’UFC révèle que 69 % des auto-écoles se targuent de taux de réussite biaisés, les écarts de résultat avec la réalité étant parfois très importants. Les auto-écoles se permettent alors des tarifs plus importants. Beaucoup invoquent des « frais d’accompagnement » pour convoyer le candidat sur le lieu d’examen, qu’elles facturent plus cher qu’une heure de conduite (68€ en moyenne).
Actuellement, les plateformes ont le vent en poupe. L’élève s’inscrit en ligne en indiquant sa localité, ses disponibilités, les leçons avec un moniteur (à sélectionner selon ses notes, sa voiture...). Ce dernier est généralement un indépendant et ses horaires sont souvent plus flexibles. Mais surtout les prix sont beaucoup plus abordables, de l’ordre de 729 euros. Mais pour le moment, ce secteur n’est pas encore stabilisé, avec le risque de voir certaines de ces entreprises disparaître en laissant des élèves sur le carreau.
D’autres pistes sont envisagées pour la réforme du permis de conduire. La Sécurité routière serait favorable à la possibilité d’embarquer deux élèves dans le véhicule pendant l’examen pour réduire les délais.