Plutôt que de compter sur un allègement hypothétique de la fiscalité, l'automobiliste peut s'en remettre aux recettes de l'écoconduite pour soulager son portefeuille. Aussi efficaces que simples à adopter, elles lui garantissent de sérieuses économies de carburant.
Chacune de ses visites en station-service est une douleur pour l'automobiliste. Pourtant, si l'on en croit les statistiques de l'INSEE, le volume de carburant qu'un Français peut s'offrir avec une heure de salaire minimum n'a eu de cesse d'augmenter ces cinquante dernières années : il aurait même doublé entre 1973 et 2018. De leur côté, les progrès de la technique font mieux que compenser la prise de poids de nos véhicules. L'appétit moindre des moteurs modernes explique que le poste carburant pèse à peine plus sur le budget des familles qui parcourent pourtant près de deux fois plus de kilomètres qu'au début des années 1970.
Ces chiffres devraient aider les automobilistes à relativiser l'impact de la hausse des prix des carburants sur leur pouvoir d'achat. Pour le préserver davantage, ils peuvent décider d'agir sur leurs habitudes de conduite. Les recettes de l'écoconduite sont autrement plus efficaces à réduire l'appétit d'un moteur que l'un quelconque de ces "économiseurs de carburant" impossibles à rentabiliser. Qu'on se le dise, les véritables économies se paient au prix d'une sérieuse auto discipline !
Règle N°1 : coupez le moteur durant un arrêt prolongéCette recommandation tombe sous le sens. Elle se heurte pourtant à une croyance aussi ancienne que périmée : redémarrer un moteur après un bref arrêt brûlerait davantage de carburant qu'il n'en consomme durant une minute. Cette affirmation a perdu toute validité avec la généralisation au début des années 1990 du système d'injection électronique sur les moteurs à essence. Parce qu'il fonctionne avec un excès d'air, le moteur Diesel est encore moins susceptible de surconsommer au redémarrage.
Pour autant, trop d'automobilistes préfèrent laisser tourner leur moteur lorsqu'ils font la queue en station-service ou au restaurant américain. Un facteur implacable favorise cette pratique : la généralisation de l'air conditionné. Il n'y a qu'à voir le nombre de voitures qui stationnent moteur tournant durant la pause déjeuner. Été comme hiver, les artisans et les voyageurs de commerce s'y réfugient pour déguster leur sandwich à l'abri des ardeurs du soleil ou de la morsure du froid. D'autant plus volontiers que, bien souvent, c'est leur employeur qui paie leur carburant.
Règle N°2 : laissez agir le Start & Stop, système d'arrêt-démarrage automatiqueCe système en agace plus d'un (du fait des à-coups qu'il génère) mais il a le potentiel d'économiser près d'un demi litre aux cent kilomètres sur un véhicule qui circule la plupart du temps en ville. A méditer.
L'ordinateur commande la coupure de l'allumage (ou l'arrêt de la pompe d'alimentation en gazole sur un Diesel) dès lors que la vitesse du véhicule tombe sous les 5 km/h. Encore faut-il placer le levier de vitesse au point mort et lâcher la pédale d'embrayage. Notez que ces systèmes d'arrêt-démarrage automatique se font de plus en plus discrets, au fil des générations.
Inconvénient, la fonction d'arrêt-démarrage automatique implique le montage par le constructeur d'une batterie renforcée, plus lourde et sensiblement plus coûteuse. Pour éviter une mauvaise surprise, l'automobiliste fera bien d'investir dans un chargeur d'entretien capable de prolonger l'espérance de vie de la batterie. Son secret ? Une succession d'impulsions de faible intensité fait tomber le sulfate qui s'agrège sur les plaques de plomb et entame la capacité de charge.
Règle N°3 : le matin, je ne fais pas chauffer le moulin !Dans la série des idées reçues auxquelles il convient de tordre le cou, passons maintenant à cette mauvaise habitude qui consiste à laisser chauffer le moteur au ralenti. C'est mauvais pour la planète comme pour votre portefeuille !
Cette pratique héritée des temps héroïques de l’automobile visait à prévenir l’usure du moteur, qui intervient au démarrage, lorsque l’huile n’a pas atteint sa pleine fluidité. Laisser chauffer le moteur consistait à attendre que l’huile soit à température avant de partir. Le fonctionnement même du moteur se trouvait facilité par le réchauffement du mélange air-carburant admis dans le carburateur (moins d'à-coups et de creux à la reprise). Ces précautions n'ont plus d'utilité sur les moteurs à injection, protégés par des huiles modernes offrant une bien meilleure protection à froid qu’il y a quarante ans.
Notre conseil : dès que le moteur est en route, embrayez et partez doucement. Modérez votre allure et le régime durant les 4-5 premières minutes. Vous réchaufferez par la même occasion l’huile de boîte, dont la commande est parfois dure à manipuler les matins d’hiver.
Règle N°4 : roulez pied léger et anticipez les ralentissementsApprendre à modérer les ardeurs du pied sur la pédale de droite est sans doute l'enseignement le plus difficile de l'écoconduite, autrement appelée conduite raisonnée. Car il s'agit bien de voir l'absurdité qu'il y a à accélérer vivement lorsque le feu passe au vert pour arriver trop vite sur le feu rouge d'après et se jeter l'instant d'après sur la pédale de frein. Inepte.
Certaines cités bien inspirées avaient dressé dans les années 1990 des panneaux à message variable indiquant la vitesse à respecter pour bénéficier de qu'on appelait "l'onde verte". En roulant à 39 km/h par exemple plutôt qu'à 50 km/h, les automobilistes étaient à peu près assurés d'enchaîner les feux verts.
Anticiper les ralentissements et adopter une conduite moins nerveuse a le potentiel de diminuer d'un quart votre consommation en ville. Résistez à la tentation de lever le pied au dernier moment. Jouez sur votre élan pour venir mourir sur la ligne des feux : vous économiserez même sur les plaquettes de frein !
Le frein moteur permet d'économiser le carburant. Rappelons que la consommation est nulle dès lors que le conducteur lève complètement le pied de l'accélérateur… à condition de maintenir un rapport engagé ! A défaut, le moteur n'est plus entraîné et son régime de rotation tombe au ralenti. Lequel doit être entretenu en injectant un peu de carburant.
Règle N°5 : modérez votre allure sur autorouteIl reste à voir si l'abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires aura un effet bénéfique sur l'appétit de tous les types de véhicules. L'économie est incontestable en revanche sur autoroute, du fait de l'augmentation exponentielle avec la vitesse de la résistance de l'air à l'avancement. Tenez-vous en au 130 réglementaire sur autoroute et votre autonomie sur un plein augmentera sensiblement. L'effet sera plus notable encore si vous laissez la vitesse chuter en côte. La perte de temps est négligeable : elle se mesure plus en termes de frustration que de minutes.
Règle N°6 : utilisez le régulateur de vitesse !Outre le confort qu'il offre sur les longues étapes pour la jambe droite, le régulateur de vitesse permet d’économiser un peu de carburant. Ce système maintient la vitesse prédéfinie en côte comme en descente. Ce qu’il surconsomme dans le premier cas, il le récupère largement en descente et sur le plat. Car l’action du conducteur sur l’accélérateur est presque toujours plus saccadée. Et puis, il n’a pas toujours l’œil rivé sur le compteur de vitesse.
Règle N°7 : jouez sur le couple et la souplesse du moteurAutre mauvaise habitude : plutôt que de laisser son véhicule augmenter progressivement son allure sur le rapport supérieur, l'automobiliste préfère rétrograder et écraser l’accélérateur pour jouir de bonnes reprises. Pour économiser un peu de carburant, il est préférable d'exploiter la souplesse du moteur (son couple, exprimé en Newton-mètre, abrégé Nm).
En tant que grands adeptes du Diesel, les Français ont appris à apprécier le couple supérieur qu’offre ce type de mécanique par rapport à l’essence, à cylindrée égale. A bas régimes, les reprises sur un Diesel sont suffisantes pour se maintenir à flot et gérer les dénivellations. De surcroît, le couple sur le premier rapport et sur la marche arrière permet de circuler sur un parking et de faire ses manœuvres sans toucher à l’accélérateur. Parfois même en pente !
Règle N°8 : tout doux, avec la climatisation !On évalue généralement à un litre d’essence aux cent kilomètres la surconsommation induite par l’entrainement du compresseur de climatisation. C’est pour cette même raison que les constructeurs adoptent en masse la direction assistée électrique, en remplacement de la pompe hydraulique entraînée par le moteur et qui gaspille quelques chevaux vapeur.
Le bon sens doit l'emporter. Si le profilage des voitures modernes rend pénible la conduite fenêtre baissée du fait du battement de l'air, il est possible de se contenter au printemps de la simple ventilation, sans enclencher le conditionneur d'air. Par temps plus chaud, ne réglez pas la climatisation à une température inférieure de 4 degrés à celle de l’extérieur. A défaut, vous surconsommez et vous risquez maux de tête, gorge qui pique et nez qui coule.
Règle N°9 : pneus bien gonflés et moteur réviséMême explication que précédemment. Des pneus maintenus à la pression recommandée limitent la résistance au roulement tout comme leur usure. Dans cet ordre d’idée, n’hésitez pas à surgonfler de 0,2 bar chaque enveloppe, même lorsque vous ne roulez pas en charge. En outre, il est recommander de préférer les pneumatiques dits "éco", offrant la plus faible résistance au roulement.
Faîtes changer régulièrement les bougies et le filtre à air. Selon l’ADEME, s’il est encrassé, le moteur de votre véhicule consomme 3 % de carburant en plus. Même constat pour ce qui est du système d'injection, à faire contrôler lorsque les démarrages à froid deviennent difficiles et que les reprises deviennent laborieuses.
Règle N°10 : préférez la remorque au coffre de toitC’est le grand classique des mesures anti-surconsommation, enseigné dans toutes les auto-écoles : les barres de toit, les porte-skis, les coffres de toit et les fenêtres ouvertes induisent une résistance à l’avancement qui entraîne un effort supplémentaire du moteur, et donc une surconsommation.