Une lettre signée par plus de 2 500 chercheurs attire une nouvelle fois l’attention sur les conséquences désastreuses qu’aurait le mur voulu par Donald Trump, sur la biodiversité. Plusieurs espèces qui vivent à la frontière entre les États-Unis et le Mexique risquent de disparaître si ce projet se concrétise.
Construire un mur entre le Mexique et les États-Unis. Cette promesse électorale, entre autres, a permis à Donald Trump de s’installer à la Maison-Blanche.
Mais en érigeant une barrière physique entre les deux pays, l’administration américaine met en péril des centaines d’espèces végétales et animales.Le journal Bioscience vient de publier une lettre signée par plus de 2 500 chercheurs qui détaille les conséquences du projet du milliardaire sur la faune et la flore. Plus de 1 500 animaux et plantes vivent le long de cette frontière de 3 200 kilomètres. Un mur empêcherait les animaux de traverser la frontière pour chercher de l’eau et de la nourriture, et pour assurer la diversité génétique de leur espèce. Il
« pourrait séparer plus de 34 % d’animaux terrestres et d’eau douce américains des 50 % de leur espèce qui résident au sud de la frontière ». En un mot, certaines espèces déjà menacées risquent de disparaître, notamment aux États-Unis.
Pis encore, la construction de ce mur porte préjudice aux efforts qui ont été faits en matière de recherche et de conservation.
« Les parties du mur déjà construites réduisent l’étendue, la qualité et la cohésion de l’habitat des plantes et des animaux, et compromettent déjà plus d’un siècle d’investissement binational dans la conservation », soulignent les auteurs de cette lettre qui donnent sept exemples d’espèces menacées par ce projet.
Le mouflon du désertUn mouflon du désert (Photo : Mark Catalano / Pacific Southwest Region / Flickr)
L’Ovis canadensis nelsoni vit dans des espaces rocailleux et se nourrit avec les plantes du désert. Même s’il boit peu, il a besoin de migrer l’été, quand les réserves d’eau se font plus rares, ou au moment de la saison de reproduction. « Un mur ininterrompu pourrait empêcher le mouflon du désert de se déplacer entre la Californie et le Mexique pour trouver de l’eau et donner naissance à ses petits », soulignent les chercheurs.
Le loup du MexiqueUn loup du Mexique (Photo : Bob Haarmans / Flickr)
Le Canis lupus baileyi a quasiment disparu à l’état sauvage.
Sa réintroduction fait actuellement débat : les défenseurs de la cause animale font pression pour que des loups soient relâchés, mais au Mexique comme au sud-ouest des États-Unis, les opposants craignent que les canidés s’attaquent au bétail et au gibier. Un mur menacerait d’autant plus la survie de cet animal diabolisé.
Le pronghorn du SonoraUn pronghorn du Sonora (Photo : Wikimedia Commons)
Comme le loup du Mexique, la survie de cette petite antilope est mise en péril. « De nombreuses collaborations binationales visent des espèces spécifiques comme le pronghorn du Sonora. Le mur met en danger de tels investissements en sapant leurs objectifs et en détournant les fonds dédiés aux projets de conservation vers la construction d’une barrière », se désolent les chercheurs.
Le jaguar
Un jaguar (Photo : IanZA / Pixabay)
Le panthera onca est très rare aux États-Unis, car les félins ont été abattus pour protéger le bétail. Si le dernier spécimen sauvage avait été vu au début des années 1970, deux jaguars sont réapparus en Arizona ces dernières années. Mais avec le mur, leur territoire, et donc leurs chances de survie, serait drastiquement réduit.
L’ocelotUn ocelot (Photo : Wikimedia Commons)
Comme le jaguar, l’espèce a été décimée et est désormais en voie d’extinction aux États-Unis. Ils sont encore nombreux au Mexique et dans le reste de l’Amérique du Sud.
Le papillon euphydryas editha quinoUn papillon euphydryas editha quino (Photo : Andrew Fisher / Pacific Southwest Region / Flickr)
Les espèces terrestres ne sont pas les seules concernées : le mur menace également l’équilibre des espèces volantes. L’euphydryas editha est présent dans tout l’ouest de l’Amérique du Nord, du Canada au Mexique et cette sous-espèce, l’euphydryas editha quino, qui réside surtout en Californie risque de disparaître.
La chevêchette bruneUne chevêchette brune (Photo : Dominic Sherony / Flickr)
Cette petite chouette, la glaucidium brasilianum de son nom scientifique, voit déjà son habitat se réduire au Texas et en Arizona. Si elle ne peut plus passer la frontière, elle ne subsistera plus qu’au Mexique.
Le lien : https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/28059/reader/reader.html?t=1532535194660#!preferred/1/package/28059/pub/40664/page/5